A la croisée des chemins
La cinquième tentative d'élection du premier ministre s'est encore une fois soldée par un échec.
A vrai dire, la situation actuelle est totalement bloquée et il semble pratiquement impossible qu'un consensus soit trouvé pour en sortir. D'ailleurs, les différents protagonistes le savent bien et semblent se préparer à un conflit.
Ainsi, l'Armée Népalaise a repris ses recrutements et l'Armée Populaire lui a emboîté le pas (voir Après l'Armée Népalais, c'est l'Armée Populaire qui recrute ).
Mais le plus grand pas vers le conflit que nous avons pu observer est constitué de deux évènements. D'une part la volonté croissante des partis politiques (hors maoïstes) et de l'Armée Népalaise de ne pas reconduire l'UNMIN (Mission des Nations Unies au Népal) chargée de superviser les deux armées. D'autre part, l'appel de plusieurs dirigeants du Congrès à dissoudre l'Assemblée Constituante.
De la part des réactionnaires, ne pas reconduire l'UNMIN, c'est afficher clairement la volonté d'en finir avec le processus de paix et éviter la présence d'observateurs internationaux en cas de coup militaire.
De même, dissoudre l'Assemblée Constituante c'est clairement un signe que les réactionnaires veulent effacer le processus initié par les révolutionnaires.
Ces dangers représentent également des opportunités. Si ces deux évènements arrivent, cela signifiera le début d'une lutte à mort entre le camp réactionnaire et le camp révolutionnaire. Le PC Unifié du Népal - maoïste doit inévitablement s'y préparer.
En interne, les rapports médiatiques affluent pour dire que le Parti est clairement partagé entre deux lignes. L'une portée par Baburam Bhattarai qui voudrait poursuivre la participation au système parlementaire et prolonger la voie pacifique, au risque de se trouver désarmé en cas de coup d'Etat (rappelons nous l'Indonésie, le Chili, etc.). L'autre portée par Prachanda qui voudrait sortir de l'impasse en préparant une révolte populaire aboutissant à la mise ne place d'une République Fédérale Populaire, tout en gardant ouverte la possiblité de continuer le processus parlementaire pour une résolution pacifique. Il y aurait également Kiran qui ne voudrait pas garder ouverte la possibilité de continuer à participer au système parlementaire et voudrait préparer immédiatement la révolte.
Les déclarations publiques Bhattarai et Prachanda illustrent à mots couverts ces positions. Baburam Bhattarai a annoncé que si le Parti désignait un autre candidat (c-à-d lui même) que Prachanda, un gouvernement de consensus pourrait être formé. De l'autre côté, Prachanda a récemment affirmé que la faillite des élections du premier ministre n'était pas à mettre sur le dos des partis politiques mais bel et bien sur le système parlementaire en lui même mais qu'il espérait en même temps que les partis madhesis voteraient pour lui à l'élection...
Une réunion du Comité Central a commencé aujourd'hui et elle devrait aborder ces points sensibles. Il se pourrait que Bhattarai et Kiran présentent également un rapport séparé si celui de Prachanda n'intègre pas la ligne qu'ils défendent.